L'initiative citoyenne
ILEY’COM et CORP, s’allient pour promouvoir l’emploi et la reconversion professionnelle de femmes dans les régions rurales tunisienne. Les deux entreprises sociales viennent en ce mois de novembre nous réchauffer quelque peu les cœurs en proposant deux formations sur l’artisanat destinées aux femmes dans le Sud du pays. L’une à Mahdia se focalisant sur la reconversion professionnelle de femmes dans le textile, l’autre à Tozeur accompagnant – nous l’espérons – la constitution de la première GDA (groupe de développement agricole) du gouvernorat organisé et constitué uniquement par des femmes !Si quelque chose m’a frappé en Tunisie, c’est la volonté et la persévérance des Tunisiennes que j’ai eu la chance de rencontrer. Dans le Sud et l’Ouest, l’organisation sociale et culturelle apparait très traditionnelle, laissant peu d’opportunités d’épanouissement professionnel aux femmes de ces régions. Pourtant, un peu partout, ces dernières se lèvent le matin, très tôt, parfois avec un ou deux enfants sous le bras afin d’étudier, travailler. Elles se regroupent et luttent pour développer leur propre économie afin de soutenir leur famille ou bien de devenir indépendante.
ILEY’COM et CORP, au travers de ce projet, soutiennent et accompagnent ces femmes déterminées à transformer la Tunisie de demain.
ILEY’COM débusque les intervenant.e.s, organise la logistique et suit le déroulement du programme.
CORP finance les formations avec l’appui de la GIZ, sélectionne les candidates et les accompagne dans leur recherche d’emploi.
Tout à commencé avec Aïcha. Cette femme artisane confectionne depuis de nombreuses années des produits à partir des « restes » de la production agricoles de palmiers dattiers appartenant à son mari. Culturellement à Tozeur, c’est les hommes qui sont propriétaire des oasis et donc avec, de la production de dattes. Le vétérinaire et formateur Talel Hamsa engagé dans le développement économique du gouvernorat de Tozeur nous explique que cette différenciation sexuée des emplois se justifie par les tours de collecte d’eau pour irriguer les oasis.
En effet, Tozeur, aux portes de l’entrée du désert du Sahara, ne dispose que de très peu de puits d’eau creusés par les CRDA (Commissariat Régional au Développement Agricole) de la région. Ainsi, chaque propriétaire dispose d’une heure spécifique afin d’aller collecter l’eau qui permettra la croissance des palmiers. Ces tours peuvent donc nécessairement être en pleine nuit, et ce travail devient par conséquent – culturellement – bien trop dangereux pour les femmes. Ainsi, les filles, mères, sœurs, tantes, cousines ou encore femmes des hommes propriétaires des oasis sont reléguées à un travail d’accompagnement de cette production. Elles sont donc traditionnellement destinées à trier les dates, nourrir les animaux, confectionner des objets artisanaux et s’occuper des enfants, à leur domicile.
Aïcha, sans remettre en question cette tradition bien ancrée dans la culture locale, décide de lutter pour améliorer ses conditions de travail, de vie. Elle regroupe les femmes de Tozeur exerçant les mêmes professions qu’elle et organise une sorte de collectif. Soutenues par leurs maris et familles, ces businesswomen en devenir se constituent en GDA (Groupement de Développement Agricole), la première féminine du gouvernorat. C’est une révolution dans cette région très traditionnelle de la Tunisie où les emplois se limitent principalement à l’agriculture des palmiers dattiers et au tourisme. Aïcha et sa GDA font par la suite appel au CRDA pour qu’il leur fournisse une formation de qualité afin de développer pleinement leur activité. Dhikra Ben Khlifa, une consultante née proche de Tamarza fait appel à CORP qui était dors et déjà à la recherche de candidates à former dans la région. ILEY’COM rejoint l’aventure et organise la logistique de la formation.
Plusieurs intervenant.e.s dont Dhikra Ben Khlifa, Talel Hamsa et Najwa khlaifi, organisent des cours sur la valorisation de produits et de leurs chutes, sur le compostage, l’agriculture, sur l’élevage de poulets fermiers, de chèvres et des lapins, sur la création et la gestion d’une GDA etc … L’idée principale de Dhikra qui manage la formation est de conscientiser ces femmes sur l’importance de leur rôle dans la chaîne du palmier dattier. « Il faut promouvoir les activités agricoles encadrées par ces femmes rurales ! » Talel qui connaît bien l’organisation de ces régions incite les nouvelles entrepreneuses à travailler avec les administrations, les banques pour accompagner le changement régional.
Un label pour ce type d’agriculture pourrait même être créé ! Le futur de ces femmes dépend maintenant de la durabilité de leur projet de GDA. Dans ce territoire isolé, l’une de leur principale solution pour subsister n’est autre que d’exporter, dans le pays et même à l’étrangers. Le commerce en ligne via des marketplace comme celle d’ILEY’COM apparaît donc comme l’un des prochains outils à développer afin de pérenniser leur nouvelle structure.
Lors de notre visite nous avons pu rencontrer ces femmes actrices du changement de la Tunisie de demain. Leurs regards rivés sur le rétroprojecteur, leur stylos qui griffonnaient des notes, les mains qui se levaient pour éclaircir le moindre point qui leur semblait confus, il ne fallait pas beaucoup les déranger ! La détermination de ces personnes est sans égale, ces femmes exigent le changement et méritent tout l’accompagnement que nous sommes en mesure de leur fournir.
Article écrit par Martin Py
“Nous connectons des acheteurs et des vendeurs à travers le monde, valorisons les produits faits main éco-responsables et issus de l’ESS et créons des opportunités économiques pour tous.”
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