Depuis l’indépendance de la Tunisie, en 1956, la croissance économique du pays n’a pas été inclusive. Les inégalités sociales se sont creusées au fil des années, notamment au sein de certains groupes sociaux et de certaines zones géographiques (les régions du sud ont été exclues des bénéfices de la croissance économique) par conséquent les problèmes sociaux se sont multipliés.
L’avènement de la révolution de 2011 a fait naître l’espoir de voir accroître plus de projets sociaux en Tunisie qui permettront la création d’emplois décents et réduiront les inégalités et la pauvreté. Hélas, les données socio-économiques indiquent une détérioration de la situation après la révolution de 2011, même si le taux de pauvreté a connu une baisse. En effet, d’après les chiffres de la banque mondiale datant de 2014, plus de 15 % de la population tunisienne est encore en situation de pauvreté, et les 20 % les plus pauvres perçoivent moins de 10 % du revenu total, tandis que les 10 % les plus riches en contrôlent près de 30 %. La plus grande partie de la population active occupe des emplois précaires, mal payés et peu productifs.
Face à ce contexte ; (chômage, augmentation de la pauvreté et creusement des inégalités sociales et régionales) et à l’incapacité de l’État à affronter seul ces obstacles, L’ESS (l’économie sociale et solidaire) s’est présentée comme une solution et une alliée face à cette crise sociale et économique.
Rappelons que l’économie sociale a toujours existé en Tunisie à travers une culture de solidarité, d’entraide et de travail collectif. Mais qu’est-ce que l’ESS ? L’ESS regroupe un ensemble de structures (mutuelles, coopératives, fondations, entreprises sociales, associations, etc) dont le statut, l’organisation, le fonctionnement et l’activité se sont basés sur les principes de solidarité, d’équité, d’égalité et d’utilité sociale. Ces structures ont pour but de contribuer à la création d’emplois décents ainsi qu’à la cohésion sociale.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’économie sociale et solidaire s’impose en Tunisie. Si le Maroc a longtemps été le leader en matière d’économie sociale et solidaire, la Tunisie devient cependant le premier des trois pays du Maghreb à disposer d’une loi-cadre sur l’ESS. Ainsi, le 30 juin 2020, l’État tunisien s’est ainsi doté du cadre juridique et règlementaire qui lui permettra désormais de développer une économie des personnes et non du capital, une économie qui met l’accent sur l’intérêt général, les territoires, la transition écologique et citoyenne.